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Comment améliorer son estime de soi ? L’exemple avec Djokovic, Thiem et Serena Williams
- Vous avez de la peine à vous voir de manière positive et bienveillante, à reconnaître vos qualités et à accepter vos défauts ;
- Vous avez du mal à accepter les erreurs et les échecs ;
- Vous avez des difficultés à prendre des décisions, à faire face aux critiques et à accepter les compliments qui vous sont faits;
- Et si vous appreniez à travailler sur votre estime de soi afin de retrouver plus d’énergie, de motivation et de confiance ?
La façon dont on se perçoit et le jugement que l’on porte sur soi sont de bons indicateurs pour évaluer l’estime de soi d’une personne.
Une personne avec une bonne estime de soi porte un regard bienveillant sur elle-même. Elle accepte ses erreurs, apprécie chaque réussite à sa juste valeur et sait prendre des risques lorsque cela est nécessaire.
Une personne avec une mauvaise estime de soi porte un regard dur et sévère sur elle-même. Elle n’accepte pas ses échecs, minimise ses réussites et n’est jamais fière ou contente d’elle.
Les 3 piliers de l’estime de soi
Dans leur livre L’estime de soi, Christophe André et François Lelord expliquent que l’estime de soi repose sur 3 piliers :
1. L’amour de soi
L’amour de soi est certainement le pilier le plus important de l’estime de soi. Cet amour est inconditionnel. On s’aime parce que l’on sait qu’on est digne d’amour et de respect. On s’aime dès lors avec nos défauts et nos limites. On s’aime même si on connaît des échecs et des revers.
Cet amour ne dépend dès lors pas de nos performances. Il nous permet de résister à l’adversité et permet de nous reconstruire après un échec. Cet amour ne nous empêchera pas de connaître de la tristesse et de la souffrance lorsque nous rencontrons des difficultés, mais il nous protégera du désespoir.
Cet amour de soi dépend en grande partie de l’amour que nous a prodigué notre famille lorsque nous étions enfant.
Pour que cet amour de soi puisse naître et se développer chez l’enfant, il sera important que les parents réussissent à convaincre leur enfant que c’est quelqu’un de bien, qu’il arrivera à faire quelque chose de sa vie et qu’ils l’aimeront toujours, sans condition, même s’il commet des erreurs ou subit des échecs.
Les premières années de la vie d’un enfant sont dès lors très importantes pour lui insuffler cet amour de soi dont il aura tant besoin tout au long de sa vie. Mais cela ne veut cependant pas dire que tout est perdu si on n’a pas eu la chance de grandir dans un environnement sécurisant. Il n’est en effet jamais trop tard pour tisser des liens sécurisants et rencontrer des personnes qui nous permettent de mieux nous aimer et nous accepter. Pour étayer cette théorie, nous pouvons nous inspirer de l’histoire de Madonna dont parle le philosophe Charles Pépin dans son livre Les vertus de l’erreur.
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L’exemple de la chanteuse Madonna
La chanteuse a perdu sa mère à l’âge de 5 ans et a très mal vécu le fait que son père ait rapidement eu des enfants avec sa nouvelle femme.
Ces événements ont fortement marqué sa personnalité et son comportement et pour ces raisons Madonna a été jusqu’à son adolescence une fille timide, mal dans sa peau et manquant de confiance en elle.
C’est la rencontre avec un professeur de danse qui va tout changer pour elle. Ce professeur lui dira qu’il la trouve extrêmement jolie, talentueuse et dotée d’un charisme fou. Ces quelques mots vont changer la vie de Madonna et faire d’elle la femme et l’artiste qu’elle est aujourd’hui.
Avant cette rencontre avec ce professeur de danse, elle avait côtoyé beaucoup d’autres professeurs de piano et de danse, mais aucun ne lui avait fait ce cadeau incroyable de lui donner confiance.
Cet exemple montre bien que l’amour que l’on se porte vient d’abord des autres et que même si nous n’avons pas eu la chance de vivre dans une famille ou dans un environnement qui nous a donné de l’amour et de la confiance, une simple rencontre, même à l’âge adulte, peut tout changer.
Comment améliorer l’amour de soi ?
François Lelord et Christophe André expliquent dans leur livre L’estime de soi que « les carences d’estime de soi qui prennent leur source à ce niveau sont sans doute les plus difficiles à rattraper. On les retrouve dans ce que les psychiatres appellent les troubles de la personnalité, c’est-à-dire chez des sujets dont la manière d’être avec les autres les pousse régulièrement au conflit ou à l’échec ».
Dès lors si une personne souffre d’un fort déficit d’amour de soi, il sera judicieux de lui conseiller de consulter un professionnel de la santé mentale et psychique.
Si une personne constate chez elle un manque d’amour de soi sans qu’il soit pathologique, il sera important que cette personne s’entoure de gens qui la valorisent, qui l’encouragent, qui croient en elle. Le fait de s’éloigner de personnes qui la dévalorisent et de s’entourer de personnes bienveillantes lui permettra petit à petit de reprendre confiance et d’augmenter l’amour qu’elle se porte.
2. La vision de soi
Il s’agit du regard que l’on porte sur soi. Ici, on ne parle pas de faits qui peuvent être démontrés. Il s’agit en fait de la conviction personnelle que l’on a d’être porteur de qualités et de défauts, de potentialités ou de limitations. La subjectivité joue dès lors un grand rôle dans la vision que l’on a de soi.
Par exemple, une personne jugée très belle par son entourage pourra se trouver laide et grosse. Même si sa famille et ses amis lui disent constamment qu’elle est magnifique, ses complexes et la piètre image qu’elle a d’elle-même l’empêchera de se percevoir comme la majorité de son entourage la voit.
La vision de soi ne concerne bien entendu pas que le physique. Elle concerne également la façon dont on perçoit son intelligence, sa culture, sa façon d’interagir avec les autres, la façon dont on réussit à s’affirmer, la façon dont on s’autorise à faire des choses qui nous correspondent ou au contraire à faire des choses que les autres attendent de nous.
Comment améliorer sa vision de soi ?
Comme mentionné plus haut, la vision de soi vient vraiment de la façon dont on se perçoit. Les autres auront beau vous dire que vous êtes exceptionnelle, vous n’arriverez pas à intégrer de telles informations.
Une bonne façon d’améliorer sa vision de soi est de pratiquer des exercices d’imagerie mentale.
- Imaginez-vous dans le passé à des moments de votre vie où vous aviez une bonne vision de vous. Des moments où vous vous regardiez avec bienveillance et sans trop de jugements.
- Mémorisez et intégrez en vous cette façon bienveillante de vous regarder. Intégrez les émotions positives, les sensations que cela vous procure.
- Faites la même chose dans le futur. Imaginez des situations futures dans lesquelles vous vous sentez bien, où vous vous regardez avec bienveillance, où vous vous acceptez.
- Mémorisez et intégrez en vous cette façon bienveillante de vous regarder. Intégrez les émotions positives, les sensations que cela vous procure.
- Faites ces exercices le plus de fois possibles. Cela va vous permettre de créer de nouvelles connexions neuronales et d’ancrer des émotions positives dans votre cerveau.
Si vous ressentez un manque d’amour de soi, ces moments seront peut-être difficile à trouver. Mais ils existent forcément. Prenez donc le temps de les chercher et de les faire ressurgir de votre mémoire.
3. La confiance en soi
La confiance en soi se mesure dans les actes et les actions que nous sommes capables d’engager. Avoir confiance en soi, c’est penser que l’on est capable d’agir de manière adéquate dans des situations importantes.
L’estime de soi a besoin d’actes pour se maintenir ou se développer. Lorsque l’on parle de confiance en soi, on est dans l’action. On ne se dit plus « je sais ce que j’aimerais faire », « je sais que je suis capable de le faire», mais on le fait réellement et on prend le risque que cela ne se passe pas comme on l’a imaginé.
La confiance en soi nous donne la force d’entreprendre, de tenter. On accepte de prendre des risques, on ne redoute pas outre mesure l’inconnu et l’adversité, on accepte de se lancer dans de nouveaux challenges.
La confiance en soi vient en général du mode d’éducation qui nous a été inculqué par notre famille et nos professeurs. Est-ce que ceux-ci nous ont présentés l’échec comme un processus indispensable à tout apprentissage et à toute progression ou alors plutôt comme quelque chose d’interdit ou quelque chose dont nous devrions avoir honte ?
Est-ce que nous étions félicité seulement lorsque nous réussissions ou aussi lorsque nous avions tenté quelque chose de nouveau, même si cela n’avait pas fonctionné ?
Est-ce qu’on nous a appris à tirer des leçons de nos erreurs, de nos échecs, ou on nous a culpabilisé de nos erreurs, nous laissons supposer qu’il serait mieux pour nous à l’avenir de ne plus rien tenter ?
Comment améliorer sa confiance en soi ?
La confiance en soi s’accompagne toujours d’un passage à l’action. Il est important à un moment donné de se lancer même si vous avez des incertitudes. C’est en vous lançant que vous obtiendrez des réponses à vos questions et que vous rencontrerez des personnes qui pourront peut-être vous apporter des conseils ou des solutions.
C’est donc par une modification concrète de son comportement que les choses peuvent changer. Il ne suffit dès lors pas seulement d’opérer un changement dans sa tête, dans sa façon de penser ou dans l’intention. C’est en effet l’action qui permettra d’améliorer de manière durable l’estime de soi.
Les 3 piliers interagissent les uns avec les autres
L’amour de soi, qui permet notamment de se respecter quoi qu’il advienne et d’écouter ses besoins et ses aspirations facilite une vision positive de soi, à savoir le fait de croire en ses capacités et arriver à se projeter dans l’avenir qui influence à son tour la confiance en soi, soit le fait d’agir sans crainte excessive de l’échec et du jugement d’autrui.
L’estime de soi peut être sectorielle
L’estime de soi peut être relativement compartimentée. Elle peut en effet être bonne dans certains domaines et mauvaises dans d’autres. Par exemple, une personne peut avoir une très bonne estime de soi dans le domaine professionnel. Elle saura parfaitement prendre des risques, n’aura pas une peur excessive d’échouer et sera toujours prête à se lancer dans de nouveaux challenges.
La situation pourra être cependant très différente dans le domaine sentimental. Par exemple, suite à plusieurs échecs sentimentaux, la personne en aura déduit qu’elle n’est pas digne d’être aimée et préférera s’interdire de nouvelles rencontres plutôt que de prendre le risque du subir encore un échec.
Cette personne pourra dès lors afficher une réelle confiance en soi devant les autres lorsqu’elle évolue dans son travail et présenter un visage totalement différent lors de rencontres sentimentales.
Mais il faut quand même admettre que de telles situations ne sont pas majoritaires car lorsqu’une personne connaît un succès ou un échec dans un domaine, cela se répercute en général sur les autres domaines.
Comment réparer ou entretenir son estime de soi ?
Identifiez et renforcez vos projets de vie
Les projets de vie peuvent être définis comme les projets considérés comme vitaux pour la personne qui les porte.
Il est important de multiplier les projets qui sont importants pour vous. En effet, si vous vous investissez dans un domaine unique (par exemple le domaine professionnel) et que votre projet professionnel s’effondre, c’est l’estime de soi qui s’écroule en même temps.
En revanche, si vous vous êtes investi dans plusieurs projets en parallèle, et que seulement un de ces projets tombe à l’eau, vous aurez beaucoup plus de chance de vous relever rapidement. Il vous restera en effet plusieurs raisons d’être sur lesquels vous pourrez vous appuyer, ce qui vous permettra de vous reconstruire plus aisément. En conséquence, l’estime de soi doit reposer sur plusieurs projets de vie solide.
- Enumérez tout ce qui est important pour vous dans le domaine personnel, familial, professionnel, sportif, … Réfléchissez à tout qui vous motive, ce qui vous permet d’avancer, de vous rendre heureux et d’être plus performant.
- Analyser et comprenez ce qui vous intéresse, ce qui vous motive dans ces différents projets
- Est-ce que vous passez assez de temps sur ces projets qui vous nourrissent ?
- Indiquez également tout ce que vous aimeriez faire, mais que vous ne faites pas à l’heure actuelle, par manque de temps, d’énergie, de confiance, … ? Que pourriez-vous faire pour mettre en œuvre de tels projets ?
- Enumérez aussi toutes les activités que vous faites (mais que vous n’aimez pas réellement faire ou que vous faites par habitude ou par addiction) et que vous aimeriez abandonner ou réduire afin d’avoir plus de temps pour faire d’autres choses qui vous plaisent plus. Comment pourriez-vous faire pour réduire ou abandonner de telles activités ?
Construisez des croyances positives et stimulantes
Nos croyances englobent toutes les idées que nous considérons exactes et que nous n’avons dès lors pas à remettre en cause. Nos croyances nous font percevoir la vie d’une certaine façon et font donc parties inhérentes de notre personnalité.
Les croyances prennent naissance dans l’enfance. Nous croyons souvent ce que nos parents, nos proches, nos professeur nous inculquent. Elles peuvent au cours de notre vie se conforter ou au contraire se modifier au gré de nos expériences, de nos rencontres ou de nos lectures.
Ces croyances représentent la façon dont on perçoit le monde car elles filtrent la réalité de manière implicite ou explicite. Elles ont donc un impact sur nos pensées, nos émotions et nos comportements.
Chaque personne possède des croyances différentes. Chaque personne pense détenir la vérité, mais en réalité elle détient seulement sa vérité. Par exemple, si vous faites voir un film à une centaine de personnes, chacune aura vu un film « différent » qui aura été analysé et traduit par ses propres croyances, ses propres filtres de sa réalité.
La principale raison qui nous empêche quelquefois de comprendre les autres est le fait qu’ils aient des croyances qui soient très éloignées des nôtres. Dans de tels cas, nous n’arrivons pas à nous mettre à la place des autres, à accepter que les autres puissent penser différemment de nous. En d’autres termes, nous n’arrivons pas à accepter que les autres puissent avoir des croyances différentes des nôtres.
Croyances positives et négatives
Les croyances peuvent être positives et stimulantes ou au contraire négatives et limitantes. Lorsqu’elles sont positives, elles permettent d’atteindre ses objectifs et d’accéder au bien-être et à la performance. Des croyantes telles que : « je sais que les échecs sont des étapes indispensables pour accéder à la réussite », « je suis fier des choses que j’ai accomplies », « Je sais me servir des critiques que me sont faite pour avancer », vous permettent d’avoir une vision positive et optimiste de la vie et d’accéder ainsi au bien-être et à la performance.
Des croyances négatives telles que : « je suis nul », « je n’arrive jamais à rien », « il faut souffrir pour obtenir ce que l’on veut », vous conduisent tout droit à l’échec et au mal-être.
Nous renforçons inconsciemment nos croyances
Une fois nos croyances établies, nous faisons inconsciemment tout pour les renforcer, ceci dans un besoin de cohérence interne. En effet, pour préserver la logique de notre vision du monde, nous faisons tout pour les confirmer et les renforcer.
Nous sommes dès lors prêt à distordre la réalité afin de rendre notre système de croyances le plus cohérent possible. Une telle façon de faire nous permet de rendre la vie supportable. Cela ne serait pas le cas si nous devions jongler constamment avec des croyances contradictoires.
L’incohérence peut en effet générer du stress et de la violence contre soi-même. Notre cerveau serait en effet perdu s’il devait gérer en même des croyances telles que « Je suis nul » et « je suis intelligent et brillant ». Pour cette raison, nous choisissons de traiter les informations d’une façon qui permet de les faire coïncider avec nos croyances et notre vision du monde.
Identifiez et renforcez vos croyances positives
Pour améliorer votre estime de soi, il est important d’identifier les croyances positives qui guident vos vies et d’arriver à les renforcer. Pour cela, vous pouvez procéder de la sorte :
- Quelles sont les croyances positives (dans le domaine personnel, professionnel, sportif, …) qui vous permettent d’avancer dans la vie, d’être heureux, d’accomplir des choses importantes pour vous ?
- Une fois que vous avez identifié vos croyances positives, renforcez-les autant que nécessaire.
- Des exercices d’imagerie mentale vous permettront de renforcer de telles croyances. Vous pouvez vous voir dans des situations passées ou futures qui confortent vos croyances. S’il s’agit d’une croyance en lien avec la réussite, vous pouvez vous voir dans une situation dans laquelle vous avez accompli quelque chose d’important pour vous
Identifiez vos croyances négatives, déconstruisez-les et créez des croyances positives
Pour améliorer votre estime de soi, il est important d’identifier vos croyances négatives, de les déconstruire et de reconstruire des croyances positives. Pour cela, vous pouvez procéder de la sorte :
- Quels sont les croyances négatives et limitantes qui vous empêchent d’accéder au bien-être et à la performance (dans le domaine personnel, professionnel, sportif, … ) ?
- Est-ce que ces croyances vous appartiennent ou est-ce que vous entendez la voix d’un parent, d’un proche, d’un professeur quand vous énoncez ces croyances à haute voix ?
- Des exercices d’imagerie mentale permettent de déconstruire une croyance. Vous pouvez par exemple voir votre croyance écrite sur un écran mental et la faire disparaître, la brûler, la jeter à la poubelle, …
- Une fois que votre croyance limitante a disparu, vous pouvez la remplacez par une croyance positive qui vous permettra d’atteindre le bien-être et à la performance. Cette nouvelle croyance doit vous correspondre pleinement.
- Trouvez des faits et des preuves qui motivent l’acceptation de cette nouvelle croyance. Par exemple s’il s’agit d’une croyance en lien avec l’acceptation du droit à l’erreur, visualisez une situation dans laquelle vous avez accepté une erreur ou visualisez une situation dans le futur qui vous permettra d’accepter l’erreur grâce à votre nouvelle croyance.
Les croyances limitantes : l’exemple avec Serena Williams
Serena Williams a vécu un véritable cauchemar lors de la finale de l’US open 2018. Opposée à la japonaise Naomi Osaka, l’américaine a perdu sèchement en 2 sets et a carrément « pété les plombs » lors de cette finale.
Serena Williams incapable de gérer ses émotions lors cette finale
Tout a commencé par un avertissement infligé par l’arbitre de chaise à la championne américaine pour coaching de son entraîneur (ce dernier reconnaîtra plus tard qu’il a effectivement fait un geste pouvant s’apparenter à du coaching). Pourtant à cet instant-là, Serena Williams ne regardait pas dans la direction du « box » de son entraîneur. Elle n’accepte dès lors pas la sanction qui lui est infligée et s’adresse à l’arbitre de chaise en lui disant qu’elle n’est pas une tricheuse et qu’elle préfère perdre que de gagner en trichant.
Le match continue mais l’américaine n’arrive pas à oublier cet incident et est incapable de se raisonner et de se calmer. Quelques minutes plus tard, elle brise une raquette et reçoit un deuxième avertissement synonyme de point de pénalité.
Au changement de côté, Serena Williams, hors d’elle, invective l’arbitre de chaise et lui dit que c’est un voleur et qu’elle fera tout à l’avenir pour qu’il n’arbitre plus jamais un de ses matchs. Devant de tels propos, l’arbitre de chaise se voit dans l’obligation de lui infliger un troisième avertissement synonyme cette fois de jeu de pénalité. Quelques minutes plus tard, l’américaine a perdu la finale de l’US open.
Serena Williams a gagné 23 titres du grand chelem et est connu pour sa force mentale et sa confiance à toute épreuve. Alors comment expliquer qu’elle ait perdu ses nerfs et qu’elle n’ait pas réussi à gérer ses émotions. La réponse est peut-être à aller chercher du côté de son système de croyances.
Pourquoi certaines de nos croyances nous font perdre notre sang froid ?
L’américaine ne supporte pas l’injustice. Elle se voit comme une personne droite et loyale et ne supporte pas qu’on puisse la considérer comme une tricheuse. Comme elle l’a dit à l’arbitre de chaise, elle préfère perdre que de gagner en trichant.
Cette aversion à l’injustice est fortement ancrée dans son système de croyances. Cela peut s’expliquer peut-être par le fait qu’elle a subi beaucoup d’injustices dans sa vie personnelle, professionnelle et sportive. Elle a dû en effet faire face à de nombreuses critiques sur son physique et de nombreux propos racistes et misogynes ont été proférés à son encontre.
L’américaine a aussi dû faire face à la plus douloureuse des injustices, la mort de sa sœur aînée assassinée dans une fusillade. Cette tragédie l’a terriblement marquée et a certainement changé la vision et la façon dont elle perçoit le monde.
En conséquence lors de cette finale de l’US open, Serena Williams a été obnubilée par l’injustice qu’elle estimait subir et toutes les compétences mentales apprises et entraînées ont été désactivées sous l’effet du stress et de la colère.
Ce que nous pouvons tirer de l’histoire de Serena Williams
L’histoire de Serena Williams est riche d’enseignements. Elle nous montre que même une personne connue pour avoir un mental à toute épreuve peut perdre totalement son sang froid si on « agresse » son système de croyances. Connaître ses croyances permet dès lors de:
- mieux comprendre pourquoi nous avons quelquefois des réactions impulsives ou déraisonnables.
- prendre du recul par rapport aux propos de personnes remettant en cause notre système de croyances. Dans un tel cas, nous pouvons analyser la situation calmement et décider si nous souhaitons conserver les croyances remises en cause car nous estimons qu’elles sont positives et motivantes ou alors décider de nous délester de ces croyances car nous estimons qu’elles n’ont plus de raisons d’être, qu’elles sont limitantes ou qu’elles nous font souffrir.
Les croyances limitantes : l’exemple de Dominic Thiem
Suite à l’arrêt des tournois de tennis au début de la crise du Covid, plusieurs joueurs, dont Djokovic, Nadal et Federer, ont contribué à créer un fond de soutien financier pour les joueurs se situant au-delà de la 100ème place mondial afin de les aider à subvenir à leurs besoins.
Dominic Thiem, qui fait partie du top 3 mondial et qui a gagné un tournoi du grand chelem, a déclaré qu’il ne souhaitait pas participer à ce fond de soutien et qu’il ne désirait dès lors pas aider financièrement les joueurs au-delà de la 100ème place mondiale.
Dans une interview accordée au Kronen Zeitung, Dominic Thiem a estimé qu’il ne voyait pas “pourquoi [il devrait] leur donner de l’argent“.
Thiem a précisé ce qui suit : “Aucun de ces joueurs mal classés ne lutte pour survivre. Toute l’année, j’en vois beaucoup qui ne donnent pas tout au tennis. Beaucoup ne sont pas très professionnels.” Il ajoute : “Je préfère donner à des gens ou des institutions qui en ont vraiment besoin. Aucun métier au monde ne vous garantit un gros succès au début de votre carrière. Aucun des top joueurs ne se considère comme arrivé, rien n’est assuré et nous devons nous battre continuellement pour notre classement.”
Thiem : un acharné de travail
Dominic Thiem est connu pour être un acharné au travail. Il est certainement le joueur qui passe le plus de temps à l’entraînement. Il a besoin de se faire mal physiquement et mentalement sur un court de tennis. Il aime aussi jouer un très grand nombre de tournoi pendant l’année et laisse peu de temps à son corps et à son mental pour récupérer des efforts fournis.
Tout laisse à penser qu’il attribue ses succès et ses réussites au temps qu’il passe sur les courts et à l’énergie et l’intensité qu’il met dans chaque frappe de balle, autant à l’entraînement qu’en matchs. Il pense dès lors que pour réussir il faut souffrir, tout donner et être professionnel jusqu’au bout des ongles
Les croyances de Dominic Thiem
Pour lui, si un joueur n’est pas autant volontaire que lui sur un court de tennis, il n’atteindra jamais le sommet et ne mérite dès lors pas d’être aidé.
Pourtant des joueurs comme Benoît Paire ou Nick Kyrgios ont réussi à atteindre le top 30 mondial. Ils ne sont cependant pas ce que l’on peut appeler des foudres de travail. Ils sont même qualifiés de « touristes » par certains. La croyance qui consiste à penser qu’il faut se faire mal sur un terrain de tennis et être excessivement professionnel pour devenir un très grand joueur de tennis n’est dès lors pas complètement exacte.
Cette croyance a été très utile à Dominic Thiem puisqu’elle lui a permis de devenir le grand joueur de tennis qu’il est aujourd’hui. Cette croyance a été stimulante pour lui car il avait les capacités mentales et physiques de s’imposer de telles charges de travail.
Mais elle peut être inexacte pour certains joueurs, voire dangereuses pour d’autres qui risqueraient de se blesser physiquement ou de se détruire mentalement avec une telle croyance.
En appliquant sa croyance sur les autres et en l’affirmant bien fort, Dominic Thiem s’est fait beaucoup critiqué. Certains ont vu en lui une personne égoïste, dénué d’empathie et de bienveillance.
L’exemple de Dominic Thiem démontre dès lors que l’on peut avoir une croyance qui est positive et stimulante lorsqu’on l’applique qu’à soi-même. Mais qu’une même croyance peut devenir négative et limitante si on l’applique sur les autres.
Construisez un discours interne positif
Le discours interne est le discours que nous nous tenons dans notre tête sans forcément nous en rendre compte. Il est important de s’intéresser à un tel discours car ce que nous pensons a un impact direct sur que nous faisons.
Un discours interne négatif peut ainsi avoir un impact négatif sur le bien-être et la performance. Si on laisse s’installer un discours interne négatif et qu’on ne cherche pas à le transformer en discours interne positif, il risque de se transformer en croyances négatives et limitantes.
Une croyance limitante, comme nous l’avons mentionné plus haut, n’est pas facile à déconstruire. Elle est en effet souvent ancrée profondément en nous depuis de nombreuses années et nous croyons sincèrement qu’elle nous protège.
Il sera dès lors important de modifier un discours interne négatif car celui-ci n’est pas encore profondément ancré en nous et peut dès lors plus facilement se déconstruire qu’une croyance limitante.
Comment modifier son discours interne négatif ?
- Identifiez votre discours interne négatif. Identifiez ce que vous vous dites dans votre tête
- A quel moment ce discours interne négatif apparaît. Quelles actions vous êtes en train d’effectuer lorsqu’il apparaît ?
- Que ressentez-vous lorsqu’il apparaît. Quelles émotions, quels sentiments ressentez-vous ?
- Demandez-vous si ce discours interne négatif est réaliste. Est-ce que ce discours a réellement une utilité pour vous ?
- Mentionnez tous les discours internes négatifs que vous vous dites au cours d’une semaine. Lors de quelles actions apparaissent-ils ?
- Prévoyez un discours interne positif ou un comportement positif chaque fois qu’un discours interne négatif surgit dans votre tête. Cela va vous permettre de ne pas vous sentir déstabilisé lorsque ce discours interne négatif apparaît. Vous saurez dès lors quel comportement adopter ou quel discours réciter dans votre tête pour retrouver sérénité et confiance.
Un exemple de discours interne négatif qu’une personne pourrait se dire dans sa tête : « je suis nul ».
Quand est-ce que ce discours pourrait apparaître : il apparaît chaque fois que je fais une erreur lors d’une présentation orale devant mes collègues.
Qu’est-ce que je ressens quand j’entends cette voix dans ma tête : je ressens de la tristesse
Comment je pourrais corriger ce discours interne négatif : je pourrais me dire « ce n’est pas grave, j’ai déjà fait de telles erreurs par le passé et cela n’a pas prêté à conséquence. Mes collègues sont d’ailleurs bienveillants et ne m’ont jamais critiqué lorsque je commettais des erreurs». Vous pouvez aussi avoir un comportement précis lorsque surgit cette petite voix qui vous dit « je suis nul ». Vous pouvez par exemple faire 3 respirations abdominales afin de retrouver du calme et de la confiance.
Autorisez-vous à parler de vos difficultés
Lorsqu’une personne a une mauvaise estime de soi, elle a de la peine à parler de ses difficultés et à demander de l’aide. Elle a ainsi tendance à ne pas se plaindre et pense à tort qu’elle se protège si elle garde pour elle ses problèmes.
Ces personnes vont en général ne pas faire le lien entre leur impossibilité à parler de leurs problèmes et leur manque d’estime de soi. Et si elles en ont conscience, elles vont souvent penser qu’elles ont intérêt à se taire car parler de leur manque d’estime de soi consisterait à trop se dévoiler et à trop montrer leurs faiblesses. Elles pensent en effet que certaines personnes pourraient se servir de leurs faiblesses, les juger ou même les rejeter.
Pourtant, chaque personne rencontre des difficultés à un moment de sa vie. Les personnes avec une bonne estime de soi n’auront aucune difficulté à parler de leurs problèmes et réussiront à solliciter de l’aide lorsqu’elles en ont besoin. L’histoire de Novak Djokovic est un bon exemple qui illustre les bénéfices que l’on peut tirer lorsqu’on n’a pas peur de montrer ses failles et ses faiblesses.
Oser demander de l’aide : l’exemple avec Novak Djokovic
Novak Djokovic était à l’âge de 18 ans un des joueurs les plus prometteurs du circuit. Les observateurs pensaient qu’ils remporteraient, à l’instar de Rafael Nadal, des tournois du grand chelem très tôt dans sa carrière.
Pourtant, à l’âge de 20 ans, il n’avait toujours remporté aucun titre du grand chelem. Son tennis était bien en place, mais il devait gérer des problèmes de santé, notamment des problèmes respiratoires spécialement lors de grandes chaleurs, qui l’empêchaient d’aller au bout des grands tournois.
Durant ses premières années sur le circuit, il a perdu beaucoup de matchs sur abandon en raison de ses problèmes de santé. Certains joueurs ou observateurs disaient qu’il faisait beaucoup de « cinéma » sur un court et que ses problèmes de santé apparaissaient bizarrement lorsqu’il commençait à perdre.
En 2008, à l’âge de 21 ans, il finit par gagner son premier tournoi du grand chelem à l’Open d’Australie. Tout le monde pense alors qu’il est parti pour devenir rapidement n°1 mondial et qu’il va enchaîner les victoires en grand chelem. Pourtant, pendant les 2 années qui vont suivre, il va être rattrapé par ses problèmes respiratoires et il ne va pas réussir à gagner de tournois majeurs.
En 2010, il va perdre en cinq sets en quart de finale de l’open d’Australie contre le français Jo wilfried Tsonga. Pendant ce match, il puisera dans ses réserves physiques et mentales a semblera à plusieurs reprises au bord de l’évanouissement.
Pendant ce match, les commentateurs indiqueront que le Serbe souffre à nouveau d’asthme et de problèmes respiratoires certainement causés par l’extrême chaleur qui règne ce jour-là à Melbourne.
L’intolérance au gluten de Djokovic
Pourtant, à 10’000 kilomètres de là devant sa télévision, un médecin serbe, le Dr. Cetojevic , ne partage pas l’avis des commentateurs. Il observe d’un œil professionnel les différents malaises de Djokovic et est persuadé que celui-ci ne souffre pas d’asthme.
Il sait selon son expérience que les symptômes liés à l’asthme se produisent plutôt le matin alors que le match de Djokovic se passe l’après-midi. De plus, il se dit que s’il avait vraiment été asthmatique, il n’aurait pas pu jouer 2 sets d’excellente qualité avant que des difficultés respiratoires apparaissent.
Le médecin pense que les problèmes respiratoires de Djokovic résultent d’un problème digestif ce qu’aucun médecin traditionnel n’a diagnostiqué jusque-là. Six mois plus tard, le médecin profite d’une rencontre de Coupe Davis en Serbie pour rencontrer Djokovic et lui propose de lui faire passer des tests.
Djokovic, très gêné par ses problèmes de santé, accepte car il se dit qu’il n’a rien à perdre. Le médecin va alors lui faire passer une batterie de tests et il va constater qu’il est sensible au gluten qui est une protéine très consommée par le Serbe.
Il propose un traitement nutritionnel au Serbe dans lequel le gluten est complètement banni. Les résultats de ce nouveau régime seront stupéfiants. Quelques semaines plus tard, il ne ressent plus aucune gêne respiratoire. En 2011, Djokovic accomplira une saison incroyable en gagnant 3 titres du grand chelem. Depuis cette période, il a su rester au sommet grâce notamment à nouveau régime alimentaire et est depuis une décennie devenu le plus grand joueur du monde avec Nadal et Federer.
Djokovic un joueur qui n’a pas peur de montrer ses faiblesses
Le Serbe a accepté de montrer ses failles et ses faiblesses. Il a osé parler de ses problèmes de santé. Il a su avoir confiance en lui pour continuer d’en parler même lorsque ses détracteurs disaient qu’il qu’il ferait mieux de retourner à l’entraînement ou d’apprendre à perdre plutôt que de faire du « cinéma » chaque fois que les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait.
S’il n’avait pas été aussi insistant, peut-être que le Dr. Cetojevic ne se serait pas intéressé à son cas et qu’il n’aurait ainsi pas réussi à résoudre ses problèmes de santé aussi rapidement.
Il aurait certainement découvert par la suite qu’il était intolérant au gluten car aujourd’hui cette intolérance est beaucoup mieux connue. Mais le fait d’avoir parlé de ses problèmes lui a permis de trouver plus rapidement une solution à ses difficultés respiratoires. Cela lui a ainsi permis de gagner de précieuses années durant lesquelles il a pu bénéficier d’une meilleure santé.
Il est évident que nous n’avons pas la même exposition médiatique que Djokovic et que c’est fort peu probable, voire impossible, qu’un médecin que nous n’avons jamais rencontré puisse résoudre nos problèmes physiques ou psychiques. Mais cet exemple nous démontre qu’il est judicieux de parler de ses difficultés et de ne pas les garder pour soi.
Peut-être qu’en parlant de vos problèmes à des amis ou à des connaissances, vous trouverez quelqu’un qui a vécu des problèmes similaires aux vôtres ou qui connait un proche, une connaissance qui a passé par les mêmes difficultés que vous. Il pourra peut-être vous mettre en lien avec un médecin, un thérapeute, un ami qui pourrait vous aider ou qui pourrait vous donner quelques conseils extrêmement précieux.
Fixez-vous des objectifs difficiles mais réalisables
Pour améliorer ou renforcer son estime de soi, il est important de se fixer des objectifs élevés mais qui restent réalisables. Des prétentions trop élevées mènent à l’échec et détruisent petit à petit l’estime de soi.
Il est important de trouver un juste équilibre entre une ambition excessive qui nous amène tout droit à l’échec et une attitude pantouflarde qui nous pousse à nous satisfaire de peu.
Fixez-vous dès lors des objectifs de résultat à court, moyen et long terme. Et fixez-vous également des objectifs de moyen qui jalonneront vos objectifs de résultat.
Par exemple, vous pouvez vous fixer un objectif de résultat à 3 ans tel que « je veux obtenir un poste de responsable dans une fédération sportive ». Et pour vous donner toute les chances d’obtenir ce poste, vous pouvez vous fixez des objectifs de moyen (qui ne dépendent pas d’un résultat) comme par exemple prendre des cours d’anglais pour perfectionner cette langue car le poste convoité demande un très bon niveau d’anglais.
Si vous n’obtenez pas cet emploi, vous aurez tout de même bien progressé en anglais. Vous n’aurez dès lors pas tout perdu et votre estime de soi ne sera pas trop chahutée.
En résumé
- L’estime de soi comprend 3 piliers : l’amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi. Il est important de travailler sur ces piliers et de les renforcer si besoin et tout au long de votre vie ;
- Pour entretenir et réparer son estime de soi, il est important notamment de connaître vos raisons d’être, d’avoir des croyances positives et un discours interne positif, d’oser parler de vos difficultés et de savoir vous fixer des objectifs difficiles mais réalisables ;
- Il peut être intéressant d’observer les personnes autour de soi qui ont une bonne estime de soi. De regarder comment ils réagissent lorsqu’ils doivent faire face à des critiques. Comment ils valorisent leurs réussites. Comment ils surmontent les erreurs et les échecs.