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Comment surmonter l’échec ? L’exemple avec Federer et Wawrinka
- Vous n’arrivez pas à accepter vos erreurs et vos échecs;
- Vous ne vous donnez jamais le droit à l’erreur;
- Vous souhaiteriez pouvoir vous servir de vos échecs et de vos erreurs pour progresser;
- Et si vous appreniez à mieux gérer vos échecs ou vos erreurs en vous inspirant par exemple de Federer et de Wawrinka ?
Il est essentiel de comprendre que les erreurs vous permettent de progresser, qu’elles participent à un processus nécessaire à tout apprentissage. Il est donc important de vous donner le droit à l’erreur si vous souhaitez progresser.
Accepter l’éventualité de l’échec vous autorise à prendre plus de risques et vous offre plus de liberté. Si au contraire, vous commencez à avoir peur de l’échec, vous n’oserez plus tenter de nouvelles expériences ou effectuer des actions qui vous font peur. Vous deviendrez passif. Vous vous direz, cela ne vaut pas la peine que je tente le coup car je sais que je ne vais pas réussir.
Lorsque vous vous accordez réellement le droit à l’erreur, vous constatez que les choses deviennent plus faciles et que vous devenez plus serein et plus confiant. Bien sûr, l’échec ne vous fera pas plaisir, mais vous saurez le relativiser. Il vous permettra de mieux vous connaître, de réajuster certains de vos objectifs et de suivre un chemin qui vous correspond mieux.
Accepter l’échec permet d’augmenter sa confiance en soi
Le fait d’oser se lancer dans un défi exigeant permet de se dire l’on est assez fort et résilient pour affronter et surmonter un éventuel échec. La confiance en soi va dès lors augmenter car la personne va se rendre compte qu’elle est capable de supporter des revers et se relever de ses échecs.
J.K. Rowling, l’auteur des Harry Potter, a connu un double échec, sentimental et professionnel, avant de connaître le succès. Quittée par son mari et licenciée de son poste auprès d’Amnesty International, elle s’est retrouvée sans revenu avec sa fille en bas âge.
Avant d’être licenciée, son travail et sa famille lui prenaient tout son temps. Elle savait qu’elle voulait devenir écrivaine, mais elle n’avait ni la force, ni le courage de se lancer dans un tel projet. C’est ses échecs qui vont lui permettre de se remettre en question et de devenir l’auteure à succès que l’on connaît.
Lors d’un discours prononcé à Harvard en 2008 lors de la remise des diplômes, J.K Rowling mentionnera ce qui suit : « l’échec m’a donné un sentiment de sécurité que je n’avais jamais ressenti en réussissant mes examens, et m’a appris sur moi-même des choses que je n’aurais pas pu apprendre autrement […] Prendre conscience que l’échec vous a rendu plus fort et plus lucide, c’est savoir que désormais, vous serez sûr de vous en sortir. On ne peut pas véritablement se connaître soi-même, ni éprouver la solidité de nos attaches, si on n’a jamais franchi l’épreuve de l’adversité ».
La gravité de l’échec : une perception personnelle
La gravité de l’erreur ou de l’échec provient en général de la perception que l’on en a. Pour certaines personnes, une erreur sera considérée comme une petite erreur sans conséquence alors que la même erreur sera considérée par une autre personne comme une réelle catastrophe. Comme disait Emerson : « C’est notre façon de voir les choses qui fait du monde un enfer ou un paradis ».
Le fait qu’une erreur devienne pour une personne une chose quasiment insupportable s’explique souvent par le fait que cette personne ne dispose pas des compétences psychologiques ou mentales pour accepter et gérer une telle erreur.
Comment traiter l’erreur ou l’échec ?
Lorsque l’on sait quoi faire en cas d’erreur, que l’on sait comment la traiter lorsqu’elle apparaît, il est beaucoup plus facile de l’accepter et de bien la gérer. Pour cela, il peut être important de répertorier toutes les erreurs qui peuvent survenir lors d’une action et prévoir un traitement pour chaque erreur. Parmi ces erreurs, nous pouvons citer :
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Les erreurs programmables
Il s’agit d’erreurs prévisibles qui peuvent apparaître lors d’une action. Dans un tel cas, il sera important de prévoir un traitement, une bonne façon de réagir, chaque fois qu’une telle erreur apparaîtra. Cela vous permettra de ne pas paniquer lorsqu’une telle erreur survient car vous savez comment réagir pour minimiser les émotions qu’elle pourrait générer chez vous.
Pendant un examen oral, vous pouvez par exemple répertorier les faits (erreurs) suivants :
- Je donne une mauvaise réponse pendant l’examen oral. Qu’est-ce que je peux faire pour que cela ne provoque pas de la panique chez moi ?
- L’examinateur me fait une remarque désobligeante pendant l’examen oral. Comment me comporter pour ne pas être impacté trop négativement par sa remarque ?
- Un examinateur me regarde « méchamment » pendant l’examen oral. Comment faire pour ne pas prendre cela personnellement et être déstabilisé ?
- Une personne vient interrompre l’examen pendant quelques secondes. Comment faire pour ne pas perdre le fil ?
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Les erreurs qui sont exceptionnelles et pas prévisibles
Par exemple, vous recevez une mauvaise nouvelle de votre famille ou de vos proches avant un défi, comme un entretien d’embauche, un examen, un défi sportif, …. Comment pourriez-vous réagir pour que cette nouvelle affecte le moins possible votre défi à venir. Réfléchissez à cette question avant d’effectuer votre défi. Cela permettra de ne pas être trop pris au dépourvu.
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Les coups du sort qui pourraient vous impacter au moment d’effectuer un défi
Même si vous ne savez pas de quel coup du sort il pourrait s’agir, réfléchissez à la meilleure manière de réagir si une telle éventualité surgit.
L’interdiction du droit à l’erreur érigée en croyances
Lorsque l’on s’interdit le droit à l’erreur, on intègre ce principe qui devient une croyance ancrée profondément en soi. Cela crée du stress et de l’angoisse lorsque l’échec survient. La personne qui a une telle croyance et qui subit un échec n’arrive pas à l’accepter et considère qu’elle est nulle, qu’elle rate tout (même si ce n’est évidemment pas le cas dans la réalité).
Les croyances négatives en lien avec l’interdiction du droit à l’erreur naissent souvent au cours de l’enfance. Il y aura fréquemment un parent, un proche, un professeur qui aura inculqué à l’enfant le fait que l’échec n’est pas acceptable. Ou peut-être que l’enfant aura été fortement sermonné ou puni après avoir fait une erreur ou subi un échec.
Les croyances comme « Je dois absolument réussir », « je n’ai pas le droit d’échouer » « Il faut que je réussisse » amènent du stress et de l’angoisse et mènent tout droit à l’échec. Il est dès lors important de les déconstruire et de reconstruire des croyances plus en adéquation avec la réussite, le droit à l’erreur, le bien-être et à la performance.
Une croyance comme« lorsque je m’investis pleinement dans un domaine, je sais que j’ai de fortes chances de réussir », vous donnera de réelles chances d’atteindre le bien-être et la performance. Chaque personne devra dès lors déconstruire les croyances qui sont limitantes pour elle et créer des croyances positives et stimulantes qui correspondent à leur personnalité et à leur tempérament.
Pour modifier vos croyances en lien avec le droit à l’erreur et à l’échec, vous pouvez vous poser les questions suivantes :
- Quels sont les croyances limitantes qui m’empêchent de réussir et d’atteindre le succès ?
- Est-ce que ces croyances m’appartiennent ou est-ce que j’entends la voix d’un parent, d’un proche, d’un professeur quand j’énonce ces croyances à haute voix ?
- Une fois que j’ai repéré une croyance limitante, je déconstruis cette croyance limitante et je la remplace par une croyance positive qui me permet d’accéder à la réussite, au succès, au bien-être et à la performance. Je trouve des faits et des preuves qui motivent l’acceptation de cette nouvelle croyance.
Que faire lors d’erreurs commises pendant une action ?
Lorsque vous commettez une erreur pendant une action (comme par exemple lors d’un examen oral), vous pouvez effectuer les actions suivantes pour atténuer ou supprimer les désagréments émotionnels que provoque une telle erreur.
1. Respiration abdominale
Effectuer plusieurs respirations abdominales permet de retrouver du calme et de la sérénité. Par exemple, lorsque vous commettez une erreur lors d’un examen oral, votre rythme cardiaque s’accélère et des tensions se créent. Cela peut provoquer chez vous un trou noir ou vous faire perdre le fil de votre pensée.
Le fait d’effectuer plusieurs respirations abdominales profondes va vous permettre de gérer cette montée de stress et de panique. Cela va vous permettre dès lors de vous recentrer sur vous et de retrouver du calme et de la confiance.
2. Recentrez-vous sur le présent
Le moment présent est le seul moment qui vous permet d’être pleinement concentré sur ce que vous faites. Dès que vous pensez au futur ou au passé, vous sortez de l’état de concentration idéal et de l’état de fluidité.
Vous pensez au passé : Si vous cherchez à corriger une erreur que vous avez faite dans le passé, vous ne pouvez plus être concentré sur l’action présente.
Si l’erreur est corrigeable, vous aurez le temps de la corriger quand vous ne serez plus occupé par l’exécution de l’action présente. Si elle n’est pas corrigeable, n’y pensez plus, vous aurez tout le temps à l’avenir de réfléchir à cette erreur et de trouver des solutions qui vous permettront de ne plus effectuer une telle erreur dans le futur.
Si par exemple lors d’un examen oral, vous n’arrivez pas à oublier la mauvaise réponse que vous venez de donner et que vous y repensez constamment, il y a de fortes chances que vous commettiez de nouvelles erreurs. Vous ne serez en effet plus concentré pleinement sur le moment présent.
Vous pensez au futur : si vous pensez à ce qu’il pourrait advenir ou au résultat futur, vous n’êtes plus dans le moment présent et vous n’êtes plus dans l’état de concentration idéal.
Si lors d’un examen oral, vous anticipez les questions futures ou le résultat futur, vous risquez de sortir du moment présent et de commettre des erreurs.
3. Exercice d’imagerie mentale
- Visualisez en imagerie mentale une situation dans laquelle vous vous êtes senti fort, performant ou une situation dans laquelle vous vous êtes senti calme, serein;
- Prenez le temps de vous balader à l’intérieur de cette situation et de ressentir la force, la confiance ou le calme et la sérénité que cela vous apporte ;
- Imprégnez-vous de toutes les sensations ressenties à l’intérieur de cette situation comme les sons, les bruits, le visuel, les sensations corporelles, les odeurs, … ;
- Refaites cet exercice une dizaine de fois, toujours avec la même situation, afin que cette situation et les émotions associées (force et performance, ou calme et sérénité) fassent pleinement partie de vous ;
- Vous souhaitez maintenant accéder à cet état mental (force et performance, ou calme et sérénité) quand vous en ressentirez le besoin. Pour cela, focalisez-vous sur un marqueur de votre situation (force et performance ou calme et sérénité) que vous avez entraîné en imagerie mentale, par exemple une image, un son, un ressenti, une odeur. Cela dépendra de quel est le sens le plus développé chez vous. Une telle focalisation activera votre cerveau (connexions neuronales) et vous permettra d’accéder à cet état mental (force et performance ou calme et sérénité) ;
- Maintenant, juste avant une situation qui demande de la force et de la performance ou du calme et de la sérénité, vous serez à même de changer rapidement, voire immédiatement d’état mental et de passer à un état mental de force et de performance ou de calme et de sérénité juste en pensant à une image, un son, un ressenti corporel ou une odeur ;
Par exemple pour un examen oral, lorsque vous commettez une erreur et que vous perdez totalement le fil de votre pensée, repensez brièvement à un marqueur (son, image, ressenti corporel, odeur,..) de la situation de calme et sérénité ou de la situation de force et performance que vous avez entraînée. Le seul fait de faire resurgir une image, un son, un ressenti, une odeur, …., va vous permettre de vous mettre dans l’état émotionnel choisi et ainsi de retrouver force, sérénité et confiance pendant votre examen.
Que faire lorsque l’erreur a déjà eu lieu ?
Vous n’avez pas pu éviter l’erreur et vous avez par exemple échoué à des examens. Dans un tel cas, il sera important de :
- Travailler sur les croyances en lien avec le droit à l’erreur ou l’acceptation de l’échec qui vous ont empêché d’atteindre votre objectif ;
- Vous demander si l’objectif poursuivi était vraiment réalisable et au besoin formuler un objectif à la baisse ou un nouvel objectif ;
- Trouver de nouvelles stratégies qui vous permettront dans le futur de réussir cette fois un objectif ou un défi relativement similaire ;
- Tirer des enseignements de votre échec et réussir à faire ressortir le positif de cet échec (car il y a toujours du positif à retenir même dans un échec).
Le droit à l’échec : Federer versus Gasquet
Les erreurs, comme cela a déjà été mentionné dans cet article, font parties de l’apprentissage et constituent le plus sûr moyen de progresser. Plus elles sont commises tôt, plus elles permettent de se remettre en question, de progresser et de se rapprocher de ses réelles aspirations. C’est en tous les cas l’avis des adeptes du « fail fast, learn fast » (échouer vite, apprendre vite), très en vogue aux Etats-Unis.
Les partisans du « fail fast, learn fast » considèrent qu’un échec est riche d’enseignements s’il est analysé, traité et accepté. Ils estiment ainsi que l’erreur est un excellent moyen de tester sa capacité à rebondir, à valider ses choix ou au contraire à trouver la force d’en changer.
Federer versus Gasquet: échouer vite, apprendre vite
Dans son excellent livre Les vertus de l’échec (dont je parlerai plus en détails à la fin de mon article), le philosophe Charles Pépin prend comme exemple la carrière du tennisman Richard Gasquet pour démontrer l’adage « fail fast, learn fast ».
Richard Gasquet a gagné le tournoi des petits as (championnat officieux des 12/14 ans) à l’âge de 12 ans en battant facilement un certain Rafael Nadal. Gasquet a été longtemps surnommé le petit Mozart du tennis français. A 12 ans, il avait atteint une maîtrise tennistique rarement égalée. Il était à cette période évident pour la plupart des experts qu’il remporterait de nombreux tournois du grand chelem et deviendrait un joueur d’exception.
Au même âge, Roger Federer était un joueur prometteur. Il n’était cependant pas le meilleur dans sa catégorie d’âge et personne ne pouvait imaginer qu’il deviendrait le joueur qu’il est aujourd’hui. Il faut dire qu’à cette époque, il était plus connu pour maltraiter ses raquettes que ses adversaires. Sur un terrain de tennis, il était imprévisible, impatient et colérique.
Le palmarès de Federer et de Gasquet
25 ans plus tard, Federer a gagné 20 titres du grand chelem et est devenu le plus grand joueur de tous les temps. Gasquet est devenu un très bon joueur de tennis. Il a fait partie des 10 meilleurs joueurs du monde mais n’a jamais gagné de tournoi du grand chelem. Le Suisse a su faire évoluer son jeu et se réinventer perpétuellement. Le Français n’a pas réussi à se dépasser sur le plan physique et mental et n’a pas su se transcender lors d’événements importants.
Est-ce que Federer serait devenu le plus grand joueur de monde, le plus apprécié et le plus zen sur un terrain s’il n’avait pas été si tourmenté sur les courts pendant ses jeunes années ? Et est-ce que la carrière de Gasquet aurait été différente s’il n’avait pas tout gagné jusqu’à l’âge de 16 ans ?
Le droit à l’erreur : une philosophie de vie pour Wawrinka
Et dire qu’avant l’Open d’Australie 2014, Stan était surnommé « le suisse qui perd » par les mauvaises langues (en comparaison avec les 17 titres de grand chelem accumulés par Federer à cette époque). Aujourd’hui, avec trois titres majeurs en poche, il est admiré pour sa force de travail et son mental à toute épreuve, caractérisé par son fameux index pointé sur sa tempe.
Wawrinka a gagné Roland-Garros junior à 18 ans et a figuré entre la 10ème et la 30ème place mondiale pendant de nombreuses années avant son sacre à Melbourne. A cette période, il était plutôt considéré comme un « second couteau » par les observateurs et peu de gens pouvaient imaginer qu’il gagnerait un jour des titres du grand chelem.
Le tatouage de Stan
En goûtant au succès « sur le tard », Wawrinka démontre que l’on peut échouer à de nombreuses reprises avant de connaître le succès. Il a d’ailleurs fait du droit à l’échec une réelle philosophie de vie en tatouant sur son avant-bras gauche une citation de Samuel Beckett tirée de Cap au pire : « Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better. » (Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux). Le suisse a expliqué qu’il avait toujours aimé cette citation, qu’elle le portait dans les moments compliqués et qu’il ne voyait pas meilleur message d’espoir.
Des défaites qui valent plus que des victoires
Stan ne considère ainsi pas l’échec comme un frein, mais plutôt comme un moyen d’apprendre, de s’améliorer, de rebondir. Une des « victoires » les plus significatives de sa carrière est certainement sa « défaite » contre Djokovic en huitième de finale de l’Open d’Australie en 2013, 12-10 au 5ème set après plus de 5 heures de match.
Ce jour-là, au lieu de ressasser cette défaite rageante, il a su très vite se remobiliser et a vu dans « cet échec » un moyen d’apprendre, de progresser et de se fixer de nouveaux objectifs. Une année plus tard, il battra Djokovic et Nadal et soulèvera le trophée de l’Open d’Australie. Durant les 2 semaines de ce tournoi, le suisse affichera une confiance et une solidité mentale à toute épreuve.
Des objectifs ambitieux mais possibles
Wawrinka le dit et le redit, même si certains observateurs ont du mal à le croire, il n’a jamais pensé ou imaginé pouvoir un jour gagner un tournoi du grand chelem. Il s’est toujours considéré moins fort, moins talentueux que les membres du « big four ».
Stan ne s’est ainsi jamais fixé des objectifs trop audacieux ou inatteignables. Cela lui a certainement permis d’être moins sujet à la pression, de garder une certaine fraîcheur et surtout de ne pas avoir à faire face à des échecs impossibles à digérer.
Le livre de Charles Pépin : les vertus de l’échec
Le philosophe Charles Pépin développe la notion d’erreurs et d’échecs dans son livre les vertus de l’échec. Il relate également le parcours de personnes célèbres qui ont connu de nombreux échecs avant de connaître le succès et la gloire.
Les nombreux échecs de Thomas Edison
Le philosophe explique que Thomas Edison a connu des milliers d’échecs avant d’inventer l’ampoule électrique. Lorsqu’on lui demandait comment il avait fait pour réussir à supporter autant d’échecs, il répondait « je n’ai pas échoué des milliers de fois, j’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionné ».
Thomas Edison avait compris qu’un scientifique n’apprend qu’en se trompant et que chaque erreur qu’il rectifie est un pas de plus vers la vérité. Il comprenait qu’il fallait d’abord échouer pour réussir ensuite. Il savait qu’aucun scientifique n’avait jamais aperçu une vérité au premier coup d’œil.
Les échecs de Serge Gainsbourg et de Barbara
Le philosophe nous explique que Serge Gainsbourg n’aurait certainement jamais fait une aussi grande carrière dans la musique s’il n’avait pas d’abord échoué dans le domaine de la peinture.
Son échec dans le secteur de la peinture lui a permis, selon le philosophe, de se tourner vers la musique en ne s’infligeant aucune pression de réussite. Serge Gainsbourg considérait en effet la chanson comme un art mineur, dépourvu d’un grand intérêt, alors qu’il considérait la peinture comme art majeur.
Quant à la chanteuse Barbara , le philosophe explique qu’elle a connu un début de carrière très compliqué. Sa façon d’être et de se comporter sur scène ne plaisait pas aux spectateurs. Peut-être qu’elle dégageait une sorte d’austérité, de rigidité qui n’était pas en phase avec son époque. En conséquence, peu de cabarets lui ont ouverts leurs portes et lorsqu’elle a eu le droit de s’y produire, elle a souvent dû chanter sous les sifflets des spectateurs.
Lorsque l’on entend aujourd’hui le répertoire de Barbara, on entend toutes les difficultés qu’elle a dû affronter et on ressent la force de caractère qu’elle a dû se forger dans l’adversité. Si Barbara n’avait pas connu tous ses échecs, il y a certainement beaucoup de ses chansons qui ne figureraient aujourd’hui pas à son répertoire.
Les échecs de Michael Jordan
Charles Pépin mentionne aussi l’exemple du basketteur américain Michael Jordan. Celui-ci confie : « j’ai raté 9000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois, on m’a fait confiance pour prendre le tir de la victoire et je l’ai manqué. J’ai échoué encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi ».
Michael Jordan est certainement le plus grand basketteur de tous les temps. Pourtant lorsqu’il relate son parcours, il le voit autant jalonné d’échecs que de succès.
Droit à l’erreur et choix de carrière
Charles Pépin évoque aussi le fait l’on met beaucoup de pressions aux collégiens ou aux lyciens en leur intimant de choisir une carrière professionnelle très tôt dans leur vie, souvent dès l’âge de 16 ans. On leur explique en plus qu’il est très important qu’ils ne commettent pas d’erreurs dans le choix de leur carrière professionnel.
Selon le philosophe, il serait plus judicieux de leur enseigner qu’on trouve parfois sa voie plus vite en se trompant et qu’il y a des échecs qui font avancer plus rapidement que des succès. Des erreurs d’orientation permettent souvent selon lui de grandir plus vite, de mieux se connaître et donc de se rapprocher plus vite de sa vocation.
Le droit à l’échec à l’école
Charles Pépin, philosophe, mais aussi professeur, regrette que l’école n’enseigne pas les vertus de l’échec. Il déplore le fait que les élèves ne soient pas félicités pour leur manière de se tromper. Il fait une grande différence entre un élève qui a obtenu une mauvaise note car il n’a fourni aucun travail et un élève qui s’est égaré par passion dans un hors sujet.
Selon lui, les enseignants devraient féliciter plus souvent les élèves qui se sont trompés de manière originale. Ils devraient souligner qu’une manière curieuse et inattendue de se rater peut augurer des succès futurs. Cela permettrait aux élèves de mieux accepter les critiques, de développer leurs talents et de mieux comprendre qu’il n’est pas déshonorant de se tromper.
Les échecs permettent de mieux savourer les victoires
Charles Pépin nous explique encore que nos nombreux échecs nous permettent de mieux savourer nos victoires. Le philosophe prend l’exemple d’André Agassi et de sa victoire à Roland-Garros en 1999. Cette victoire aura été pour l’américain la plus importante de sa carrière et certainement la première qu’il a réussi à savourer pleinement.
André Agassi a pourtant gagné plusieurs tournois du grand chelem avant de gagner Roland-Garros en 1999. Pourtant, aucune de ces victoires ne l’a réellement rendu heureux.
Il ne savait en effet pas pourquoi il était devenu tennisman. Entraîné par un père obsessionnel, puis par un coach tyrannique qui voulait faire de lui une machine à gagner, il n’arrivait pas à prendre du plaisir sur un court de tennis.
Il se disait à cette époque qu’il n’avait pas choisi sa vie et qu’il ne faisait qu’accomplir le désir de son père. Il se disait que le tennis lui avait volé sa vie, qu’il n’avait jamais pu étudier et qu’il n’avait jamais rien fait d’autre que de pratiquer le tennis. Il était peut-être numéro un mondial mais il se rendait compte qu’il détestait le tennis.
Suite à cette prise de conscience, il va connaître une réelle descente aux enfers. Agassi va devenir l’ombre de lui-même sur un court de tennis. Il grossit, commence à prendre des drogues, tombe en dépression et dégringole jusqu’à la 300ème place du classement mondial.
Agassi va connaître un réel électrochoc le soir où il va se rendre à l’hôpital au chevet de la fille de son meilleur ami qui vient de se faire renverser par un chauffard. Lorsqu’il aperçoit son meilleur ami, Gil, dans le couloir de l’hôpital, puis sa fille entre la vie et la mort, il est submergé par un élan d’amour pour son meilleur ami, pour la fille de celui-ci et pour l’existence elle-même.
La fille de son meilleur ami survivra à son accident et Agassi remontera petit à petit la pente. Il décide alors de se remettre au tennis, mais cette fois il connaît les raisons pour lesquelles il veut se dépasser dans son sport.
Lui qui a toujours souffert de ne pas avoir pu suivre une formation intellectuelle, Il sait désormais qu’il veut créer une fondation pour les enfants défavorisés. Mais pour la financer, il sait qu’il doit absolument redevenir numéro 1 mondial et regagner des grands tournois. Il sait désormais que si le tennis lui permet de réaliser son rêve, il sera pleinement heureux sur un court de tennis.
Pour réaliser son rêve, Agassi va accepter de se rendre sur des petits tournois challengers devant des publics de quelques dizaines de personnes. Mais son objectif de créer sa fondation est tellement motivant pour lui, que très vite il retrouve un niveau de tennis incroyable. Il commence à regagner des tournois et en juin 1999 il savoure pleinement sa victoire à Roland-Garros.
Lors de son discours, Agassi mentionnera les échecs qui l’ont fait grandir et qui l’ont amené à cette grande victoire. Il déclarera : « Je suis en larmes, je me frotte la tête. Je suis terrifié d’être submergé par une telle sensation de bonheur. Gagner ne devrait jamais avoir autant d’importance. Mais si, c’est le cas, c’est le cas, je n’y peux rien. Je déborde de joie, de reconnaissance envers Brad, envers Gil, envers Paris – même envers Brooke et Nick. Sans lui, je ne serais pas ici. Sans les hauts et les bas avec Brooke, sans la souffrance des derniers jours, ceci n’aurait pas été possible. Je me réserve une certaine reconnaissance envers moi-même, pour tous les choix, bons et mauvais, qui m’ont mené jusqu’ici ».
Le livre de Charles Pépin : un livre inspirant
Charles Pépin nous raconte des histoires passionnantes de personnes célèbres ayant connu de grandes réussites précédées d’échecs retentissants. Il aborde aussi la notion d’échec d’un point de vue philosophique et psychanalytique. Il convoque notamment Marc Aurèle, Saint Paul, Nietzsche, Freud, Bachelard ou Sartre pour étayer sa pensée.
Ce livre nous permet de comprendre que nous pouvons apprendre beaucoup de nos échecs. Qu’ils nous permettent de progresser et de mieux nous connaître. Il nous incite dès lors à ne pas culpabiliser les enfants lorsqu’ils ont subi des échecs. Un livre que je conseille dès lors à tout le monde, mais spécialement aux enseignants ou aux parents.
En résumé
- Acceptez que les erreurs font parties de tout apprentissage et qu’elles sont donc nécessaires à toute progression ;
- Apprenez à prévoir les erreurs qui pourraient survenir lors d’une action et prévoyez les traitements qui pourraient atténuer ou faire disparaître les désagréments émotionnels que provoquent de telles erreurs ;
- Inspirez-vous de personnes qui ont connu des échecs retentissants avec de connaître le succès.